Benoi Lacroix (story-board)

Du story-board de cinéma, mais aussi des projets de décor. Et si vous voulez en voir plus, courez voir mes BD et illustrations sur mes autres sites ci-dessous:

Comme ceci est un blog professionnel, c'est-à-dire que je renseigne à des réalisateurs de cinéma, il est en principe inutile que je développe cette question. Mais comme c'est un blog sur lequel des tas de gens très différents peuvent AUSSI arriver, et que "story-board" est un mot un peu barbare, je vais QUAND MÊME me risquer dans une explication: Un story-board est (souvent) le premier médium, la première étape qui permet à un réalisateur de VISUALISER ce que sera (ou pourrait être) son film. C'est le moment pour lui de tester visuellement son scénario, de corriger au besoin ses options de cadrages, visées, éclairages ou même décors. Ben oui, il vaut mieux découvrir ce qui coince ou peut être amélioré AVANT que toute l'équipe soit réunie sur le plateau. Vous imaginez ce que coûte une PETITE erreur d'appréciation quand 20 techniciens, 3 maquilleuses, 3 comédiens et plein de matériel attendent le clap? Donc l'étape du story-board, moment de complicité entre le scénariste et un story-boarder, permet à peu de frais de tester, vérifier, mettre au point des tas de paramètres. C'est donc un document technique, pas une BD, une longue liste de plans dessinés avec des annotations, des flèches blanches ou noires (selon qu'il s'agit de figurer des déplacements d'acteurs ou de caméra). Parfois même, vous verrez des cadres décalés, superposés... Il s'agit sûrement de la simulation d'un travelling ou d'un zoom. Donc passer par l'étape du story-board peut permettre d'économiser du temps et de l'argent. Le story-board permet aussi au réalisateur de démarcher auprès de producteurs, car il est plus facile d'expliquer l'esprit d'un film, de convaincre même, si le dossier est explicite (et si les dessins expriment bien la personnalité du réalisateur), et de budgétiser un tournage. Le story-board est donc une carte de visite. Il permet aussi d'expliquer aux techniciens (cadreurs, éclairagistes) les intentions, de définir quelle portion de décor on a besoin ou non, etc. Souvent, et c'est le cas ici, il permet de donner des indications pour la post-production (les effets spéciaux par exemple). Le story-board n'est pas une contrainte absolue, car le jeu des acteurs donne des impulsions inattendues, et au montage le film se transforme souvent de manière plus radicale encore. Beaucoup de gens ont recours au story-board: Méliès déjà dessinait ses plans, mais aussi Fritz Lang, Hitchcock, Ridley Scott plus récemment. Besson et Jeunet sont des fans reconnus de story-board. Beaucoup de dessinateurs de BD, dont Moebius et Bilal, ont commis des story-boards. En Belgique, cette technique est peu répandue (quoique cela commence à bouger), mais en France, on compte plusieurs écoles de story-board.

C'est Webb Smith, un des principaux dessinateurs des Studios Disney avant la guerre, qui aurait inventé le mot "storyboard" dans les années 30, mais c'est 20 ans plus tard qu'il sera adopté par les critiques francophones de cinéma. Les mots "scénarimage" et "mise en scène dessinée" ne réussiront jamais à s'imposer.